6 juin 2012

Pourquoi ce thème " Camille Claudel – de la grâce à l’exil - La femme, la folie, la création "


Le thème de notre exposition est une problématique qui à pour objectif à partir de la psychanalyse d’approcher l’histoire de l’artiste. Camille Claudel nous enseigne sur un savoir circonscrit dans les contours de son œuvre et la particularité de sa mise en acte.

Camille était une jeune  fille pleine de gaîté, mais toutefois assez sauvage. Elle sculptait la terre glaise dès l’enfance et soumettait la famille au rythme soutenu des séances de poses. Elle dessinait, peignait sans relâche. Très tôt, elle trouva dans l’art de la sculpture, l’instrument qui parvenait à réguler sa démesure pulsionnelle. Rien ne put l’éloigner de ce qui s’imposait à elle avec force et passion. Tempétueuse, irascible, elle ne recula devant rien et alla toujours plus loin, sans connaître la juste mesure.

Pendant plus de trente ans, elle travailla avec le même acharnement. Sa création a pris valeur d’un nouage provisoire qui lui a permis de se décrocher d’un réel qui l’aspirait. En effet, Camille puise son inspiration dans ce qui la constitue et la met à l’épreuve. Elle sculpte des jeunes femmes qui s’abandonnent telles Sakountala ou La Valseuse dans les bras d’un homme, cet autre qui prend charge d’un corps et son destin, auxquelles s’opposent les déchues, esseulées, ces perdantes devant l’impossible rencontre ; L’implorante, l’Âge mûr, Niobide blessée ou Rêve au coin du feu. Ces femmes symbolisent des temps forts de la vie de Camille. Elles sont les représentantes de l’évolution d’une femme qui va de la grâce à l’exil.

Nous pouvons entendre que sa création est un rempart et se présente comme limitation d’une jouissance sans limites. La création stabilise en quelque sorte une pulsion désordonnée qui  l’empêche de vaciller dans la folie, provisoirement. Bien sûr, dans cette fin 19ème, elle cherche à faire admettre qu’une femme peut sculpter comme un homme, avec autant de talent et de génie et d’y inscrire son emblème. Mais, les risques qu’elle prend pour y parvenir touchent un ailleurs qui n’a rien à voir avec la femme dans sa valeur culturelle, sociale et communautaire. Solitaire, elle revendique son statut de femme artiste, mais ne peut en soutenir l’enjeu, jusqu’au bout. L’arrêt de sa création et sa destruction dix ans avant son internement vient répondre de cette impasse sombre.

L’ambivalence subjective de sa personnalité et les contours de son œuvre, nous conduisent à interroger la personnalité de cette femme qui ne s’inscrit pas dans un collectif, mais arpente continûment les méandres d’une solitude vive. La femme, la folie, la création enferment, conjointement dans sa logique, la nature même de l’élan brisé de Camille, une femme qui redevient sauvage