6 mars 2010

Une orientation …Une motivation


L’ambition de voir se réaliser une exposition autour de l’œuvre de « Camille Claudel » à Montfavet, découle d’un désir de partager à travers des œuvres choisies l’originalité de son expressivité. Ce projet s’inscrit également dans la continuité de rendre hommage en ce lieu à cette grande artiste internée ici durant 30 longues années de réclusion laissant derrière elle autant d’années de création d’une œuvre magistrale. Silencieuse et docile souffrant dans son corps et dans son être, elle a fini sa vie réclamant inlassablement sa sortie, en vain. Au-delà, de son histoire tragique, emportée très jeune par la folie, ce que nous retenons d’elle avant tout c’est un parcours artistique chaotique d’où à émerger une œuvre d’envergure puisée dans la profondeur de son âme. De fait sa sculpture s’expose au regard avec l’affirmation d’un dire dans ce qu’il y a de plus profond et d’intérieur. Par delà le temps et les époques, sa sculpture demeure extrêmement contemporaine. Jadis incomprise, aujourd’hui reconnue, mon projet s’inscrit dans la perspective de poursuivre la promotion de son œuvre et d’en accompagner la perception et la lecture. 
En effet, après plus de 20 ans à étudier l’œuvre de Camille Claudel secrètement et intimement dans mes innombrables lectures, expositions, écritures personnelles, je me suis risquée à mon tour, à prendre la plume pour formuler mes impressions sur son travail et tenter ainsi avec l’appui des concepts psychanalytiques lacaniens qui constituent mon champ, d’approcher l’œuvre, la femme et la création. Le regard appuyé, mais non expérimenté de par ma formation de psychologue clinicienne, j’ai réalisé une étude sur des œuvres choisies pour guider ma réflexion sur des concepts clés psychanalytiques, notamment autour du regard, le ravage mère-fille et l’amour. L’idée de cette exposition repose sur une détermination toujours aussi passionnée d’avancer dans la connaissance de l’œuvre de Camille Claudel, mais aussi et ce à partir de son histoire en tant que femme et artiste, de proposer et soumettre à la réflexion d’autres axes d’étude qui viendront, je l’espère, enrichir et approfondir d’autres sujets adjacents tel que : qu’est qu’être une femme ?, Qu’est-ce qu’être une femme artiste au XXème et XXIème siècle ? ; Quels sont les enjeux de la création ? Qu’est-ce qui pousse à créer ? L’art n’a pas de sexe. Comment l’entendre ? En quoi la féminité touche-t-elle à l’infini ? Y a-t-il un lien entre l’infini, la création et la folie ? En quoi la création est un rempart contre la folie et s’inscrit comme un nouage propre au sujet « artiste » ? Autant de questions que nous auront à aborder et à mettre en relief par le choix d’œuvres faisant montre de toutes ces tonalités.

Au fond, l’’orientation de cette exposition a pour but de balayer l’ensemble du parcours de Camille Claudel et de permettre une avancée dans la compréhension et l’analyse du « cas » Camille Claudel et d’ouvrir notre analyse dans cette réflexion non exhaustive de l’art comme expression d’un dire plutôt qu’idéal esthétique. Le titre de cette exposition atteste en conséquence de cette nouvelle ouverture de travail autour de trois grands axes majeurs : La femme, la folie et la création.